BAL ATROCE
(La marée était en noir)
«Souvent pour s’amuser les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Les navires glissant sur les gouffres amers.»
Charles Baudelaire
Souvent, pour s’amuser, c’est ainsi que l’Histoire Commence ou se termine, une question de temps Que l’homme veut prévoir mais avoue ne pouvoir Arrêter; le vent toujours en emporte autant. Souvent pour s’amuser, illusion dérisoire, La mer qu’on voit danser a des reflets d’argent Sale ou noir comme l’or d’un triomphe sans gloire; La mer qu’on voit danser a des reflets changeants. Souvent l’homme a des jeux indignes de son Age, Le menant au chaos, l’entraînant au naufrage; De peur ou de détresse les sirènes font rage Tandis qu’un bal atroce endeuille leur sillage. En proie à son fou rire, en proie à sa fourrure, Plus vite que la musique, plus vite que nature, De bruit et de fureur addict aux dictatures, A loisir l’homme tue l’oiseau de son futur. Mais quel bordel de mer ! Et quel vocabulaire ! Trop sale ou trop salé ? Quel bol d’air nous attend ? Mais où sont La Fontaine, Boileau, Baudelaire ? Où sont les plages ? Où sont les nages d’antan ? Souvent pour s’amuser, Pour s’amuser... Souvent pour s’amuser, on tuerait Terre et Mer !
Commentaires